Pourquoi un âne savoyard a fini sa vie au château de Windsor ?

Saviez-vous que la Savoie regorge d’anecdotes étonnantes et de secrets bien gardés ? De Napoléon III à la Patrouille de France, en passant par un âne royal ou une mystérieuse chute de montagne, notre région n’a pas fini de vous surprendre !

Chaque mois, nous vous proposons une histoire insolite issue du livre Les Pourquoi des pays de Savoie, un ouvrage où l’auteur Jean-Olivier Viout explore avec passion et précision les curiosités savoyardes. Préparez-vous à découvrir la Savoie sous un nouvel angle…

Ce mois-ci, découvrons pourquoi un âne savoyard a fini sa vie au château de Windsor !

Cette anecdote nous ramène aux séjours de la reine Victoria à Aix-les-Bains. Cette célèbre souveraine, qui occupa le trône du Royaume-Uni durant plus de 63 ans, accompagna, en 1885, sa fille Béatrice qui devait y suivre une cure pour soigner ses rhumatismes.

Elle garda un tel souvenir de son séjour dans la cité thermale savoyarde qu’elle le renouvela à deux reprises, en 1887 et 1890. On imagine l’aura d’Aix-les-Bains et la frénésie que suscitèrent les séjours dans ses murs de la reine d’Angleterre et de sa suite. Pensons à ce que représenteraient de nos jours des villégiatures en Savoie de Queen Elisabeth !

La reine Victoria adorait les excursions mais peinait à marcher longtemps. Elle était assez corpulente, avait bientôt 72 ans lors de son dernier séjour. C’est pourquoi elle avait décidé de se doter d’une voiturette qui la suivrait dans ses pérégrinations champêtres, où elle pourrait prendre place lorsque la fatigue se ferait sentir.

Et pour tracter cette voiture, elle fit l’acquisition, auprès d’un paysan du quartier du Grand Port d’Aix-les-Bains, d’un âne robuste et beau, à la robe d’un brun très foncé et au museau tacheté de blanc. Et l’on se mit à voir la reine invariablement suivie de son âne prénommé Jacquot tirant sa petite charrette. C’est Jacquot qui, le 16 avril 1887, hissa Victoria jusqu’au belvédère de la Chambotte, qui domine le lac du Bourget.

Aussi, lorsque la reine quitta Aix-les-Bains, à l’issue de son dernier séjour, elle ne put se résoudre à se séparer de Jacquot qui partit finir moelleusement sa vie dans les écuries royales du Château de Windsor. Sa seule mission annuelle consistait, à Noël, à apporter leurs cadeaux aux petits-enfants royaux. On ignore la date de la mort du bon âne savoyard mais nul doute qu’elle fut douce.

À Aix-les-Bains, la mémoire des séjours de la reine Victoria est toujours vivante. Une avenue de la ville porte son nom et, sur la place du Revard, au cœur de la cité thermale, trône depuis 1920 une stèle surmontée du buste de la souveraine, œuvre du sculpteur chambérien Mars Valett, aux côtés de laquelle flotte l’Union Jack.

Régulièrement, des cérémonies commémoratives s’y déroulent, marquées parfois par la présence d’un âne rappelant le souvenir du célèbre Jacquot.

Retrouvez toutes les anecdotes de notre territoire dans les tomes 1 et 2 des Pourquoi des pays de Savoie !
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