Pourquoi trouve-t-on le buste d’un Mauriennais au pied de la tour Eiffel ?

Saviez-vous que les pays de Savoie regorgent d’anecdotes étonnantes et de secrets bien gardés ? De Napoléon III à la Patrouille de France, en passant par un âne royal ou une mystérieuse chute de montagne, notre région n’a pas fini de vous surprendre !

Chaque mois, nous vous proposons une histoire insolite issue du livre Les Pourquoi des pays de Savoie, un ouvrage où l’auteur Jean-Olivier Viout explore avec passion et précision les curiosités savoyardes. Préparez-vous à découvrir les pays de Savoie sous un nouvel angle…

Ce mois-ci, découvrons pourquoi on trouve le buste d’un Mauriennais au pied de la tour Eiffel !

Il s’agit de Gustave Ferrié, né en 1868 à Saint-Michel-de-Maurienne. Son père, ingénieur, installé dans cette ville pour seconder l’anglais John Fell dans la construction de l’audacieux chemin de fer qui doit franchir le col de Mont- Cenis, a épousé une fille de bonne famille de Saint-Jean-de-Maurienne. Le jeune Gustave fréquente l’école communale de sa cité natale avant de poursuivre ses études à Draguignan où, pour des raisons professionnelles, la fa¬mille est partie s’installer. 

Ayant obtenu son baccalauréat, il présente à deux reprises le concours d’entrée à l’École polytechnique où il est reçu en 1887. Quatre ans plus tard, il rejoint, à Grenoble, le 4e régiment de génie, avec le grade de lieutenant, et s’intéresse particulièrement à la télé¬graphie électrique. 

Élève puis instructeur à l’école de télégraphie militaire du mont Valérien, sur les hauteurs de Paris, il en devient le directeur en 1897. Suivant les travaux de Branly et Marconi, il s’enthousiasme pour leurs découvertes et présente à Paris, lors de l’Exposition uni¬verselle de 1900, une communication démontrant que l’avenir de la télégraphie sans fil passe par les ondes hertziennes. 

Le ministre de la Guerre, Freycinet, demande bientôt à Ferrié de développer la TSF militaire française. En 1903, le savant mau¬riennais, qui a conçu un nouveau récepteur électrolytique, propose l'installation dans la tour Eiffel d'un émetteur dont la portée attein¬dra 6 000 kilomètres.

Pendant la Première Guerre mondiale, il développe la radio¬télégraphie au profit des unités d’infanterie et d’artillerie qui sont dotées de ses postes radio, fabriqués à plus de 10 000 exemplaires. 

Nommé général en 1919, à l’âge de 51 ans, il est élu membre de l’Académie des sciences en 1922, et inspecteur général de la té¬légraphie militaire. Devenu Président de l’Union internationale de la radio, élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur, Gustave Ferrié va décéder subitement en 1932, à l’hôpital mili¬taire du Val-de-Grace à Paris, à l’âge de 64 ans, victime d’une crise d’appendicite. 

Pour honorer sa mémoire, on érigera, en 1933, un monument supportant son buste en bronze, au pied de la tour Eiffel qu’il avait sauvée de la disparition, à l’issue de l’exposition universelle, en lui donnant, par l’installation de son émetteur, une affectation militaire stratégique. 

À Saint-Michel-de-Maurienne, sa ville natale, le lycée professionnel porte son nom ; il en est de même pour plusieurs rues de communes des Pays de Savoie.

Retrouvez toutes les anecdotes de notre territoire dans les tomes 1 et 2 des Pourquoi des pays de Savoie !
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