Pourquoi les éléphants de la fontaine de Chambéry possèdent de courtes oreilles ?

Posted By: Nadine CHARNAY On: Comment: 0 Hit: 2577

Saviez-vous que la Savoie regorge d’anecdotes étonnantes et de secrets bien gardés ? De Napoléon III à la Patrouille de France, en passant par un âne royal ou une mystérieuse chute de montagne, notre région n’a pas fini de vous surprendre !

Chaque mois, nous vous proposons une histoire insolite issue du livre Les Pourquoi des pays de Savoie, un ouvrage où l’auteur Jean-Olivier Viout explore avec passion et précision les curiosités savoyardes. Préparez-vous à découvrir la Savoie sous un nouvel angle…

Ce mois-ci, découvrons pourquoi les éléphants de la célèbre fontaine de Chambéry possèdent de courtes oreilles !

À la différence des éléphants d’Afrique, les éléphants d’Asie ne possèdent pas de longues oreilles et ceux de la fontaine de Chambéry évoquent les pachydermes de l’armée indienne du général Benoît de Boigne, trônant au sommet de la colonne qu’ils portent sur leur croupe, en dépit de leur postérieur absent. 

Benoît de Boigne était un authentique Chambérien, né en 1751, fils d’un commerçant en cuirs et peaux, qui, à dix-sept ans, était parti à l’aventure. Après avoir servi au sein du régiment irlandais de Louis XV, il s’était engagé dans l’armée gréco-russe levée par le prince Orlov pour combattre les Turcs. Mais les choses avaient tourné à la faveur des Ottomans, au point qu’après diverses péripéties, de Boigne avait succombé à l’attrait de l’Inde où il allait faire fortune à la suite d’étincelants succès militaires à la tête de l’armée de l’empire Marhatte. 

Couvert de gloire, et surtout d’une opulente fortune, de Boigne, son séjour indien achevé, était revenu à Chambéry couler ses dernières années de vie. Et comme il n’était pas pingre, il avait fait profiter sa ville natale de ses largesses : financement du percement d’une artère agrémentée de portiques, construction d’un théâtre, d’un lycée, d’un asile de vieillard, etc.

Aussi, à sa mort, en 1830, la ville se dut de rendre un solennel hommage à son bienfaiteur en ouvrant un concours pour l’érection d’un monument à sa mémoire. C’est un jeune statuaire grenoblois, Pierre-Victor Sappey, qui remporta le concours en proposant un monument original composé à la fois d’une statue, d’une colonne et d’une fontaine où l’eau coule de la trompe de quatre avant corps d’éléphants dont les oreilles courtes rappellent qu’il s’agit bien d’éléphants d’Asie. 

Ce monument, peu conventionnel pour l’époque, ne manqua pas de donner lieu à sarcasmes et cris d’effroi de la part des amateurs de l’art académique. « Ces demi-éléphants sont des monstres dont aucun naturaliste, ancien ou moderne, n’a jamais osé ni même rêvé la forme inouïe », s’écria l’un d’eux. Mais le romancier savoyard Henry Bordeaux résuma la pensée du plus grand nombre : « La fontaine chambérienne des éléphants jouit d’une juste renommée, moitié admirative et moitié comique ».

Retrouvez toutes les anecdotes de notre territoire dans les tomes 1 et 2 des Pourquoi des pays de Savoie !
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